Quelles cultures privilégier pour une agriculture résiliente face au changement climatique ?
26 mars 2025
Les impacts du changement climatique sur les cultures agricoles
Avant d’explorer les cultures adaptées, il est essentiel de comprendre comment le climat impacte l’agriculture. Selon un rapport de la FAO (2022), les températures mondiales ont déjà augmenté d’environ 1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle, et cette hausse continue de transformer les cycles agricoles :
- Diminution des rendements : dans de nombreuses régions, les cultures sensibles à la chaleur comme le blé ou le maïs voient leur productivité diminuer en raison des épisodes de canicule.
- Sécheresses récurrentes : la disponibilité en eau diminue, contraignant les agriculteurs à revoir leurs pratiques d’irrigation.
- Propagation des ravageurs et maladies : des insectes nuisibles et des agents pathogènes profitent de la hausse des températures pour s’étendre dans de nouvelles régions.
Face à ces défis, adapter ses cultures est une nécessité pour garantir la sécurité alimentaire tout en préservant l’environnement.
Les cultures résistantes à la sécheresse
Avec des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, les cultures nécessitant peu d’eau deviennent des alliées incontournables. Parmi elles :
Le sorgho
Originaire d'Afrique, le sorgho est une céréale qui se distingue par sa résistance exceptionnelle à la sécheresse. Capable de pousser dans des sols pauvres, il demande jusqu'à 30 % moins d'eau que le maïs. Aujourd’hui, on observe son implantation croissante dans le sud de la France, où il est utilisé à la fois pour l’alimentation humaine et animale.
Le millet
Tout comme le sorgho, le millet est une culture robuste face au stress hydrique. Riches en nutriments, ses grains sont une excellente alternative en matière de diversification des cultures.
La luzerne
Plante fourragère par excellence, la luzerne est adaptée aux climats secs grâce à ses racines profondes qui permettent d'exploiter les réserves d’eau en profondeur. En plus de son rôle nutritionnel pour le bétail, elle enrichit naturellement les sols en azote.
Les cultures tolérantes aux sols dégradés ou salins
La salinisation des sols est un autre effet exacerbé par le changement climatique. Dans ces conditions, certaines cultures se démarquent :
Le quinoa
Originaire des Andes, le quinoa est une pseudo-céréale connue pour sa capacité à prospérer sur des sols pauvres et salins. Particulièrement nutritif, il est très demandé sur les marchés internationaux et peut servir de culture alternative pour diversifier la production.
L’épeautre
Souvent cultivé en bio, l’épeautre est une céréale ancienne moins exigeante que le blé. Résistant aux sols pauvres et offrant de bons rendements dans des conditions variées, il constitue une option intéressante pour relocaliser les productions céréalières dans des zones marginales.
L’orge
Traditionnellement utilisé pour l’alimentation animale et la bière, l’orge est une céréale rustique capable de croître sur des sols parfois inadaptés à d’autres cultures. En temps de climat instable, il offre une alternative fiable, notamment en rotation avec des légumineuses.
Les légumineuses : un levier pour des sols résilients
Les légumineuses illustrent parfaitement l’alliance entre productivité et régénération des sols. Grâce à leur capacité à fixer l’azote atmosphérique, elles enrichissent le sol tout en réduisant les besoins en engrais chimiques.
Les pois chiches et lentilles
Les lentilles et les pois chiches tolèrent les sols secs et pauvres. Ces deux cultures sont particulièrement adaptées aux climats méditerranéens et favorisent des cycles agricoles plus résilients grâce à leurs faibles exigences hydriques.
La fèverole
Bien que légèrement plus exigeante en eau, la fèverole est précieuse en rotation, car elle améliore les sols et soutient la biodiversité en attirant certains insectes pollinisateurs.
D’après une étude publiée par l’INRAE en 2020, l’intégration des légumineuses dans les rotations permet d’augmenter le rendement global des terres tout en favorisant la qualité des sols à long terme (source).
Les associations agroforestières : un modèle d’avenir
En complément des cultures résilientes, intégrer des arbres aux parcelles agricoles peut renforcer l’adaptation au climat. Pourquoi ? Les arbres jouent un rôle crucial dans la régulation thermique et hydrique des sols, tout en stockant le carbone et en offrant un habitat pour la biodiversité.
- Les arbres fourragers : espèces comme le moringa ou le mûrier blanc peuvent à la fois nourrir les troupeaux et stabiliser les sols.
- Les fruitiers rustiques : le figuier ou l’olivier, cultivateurs de paysages méditerranéens par excellence, sont des champions d’adaptation aux climats chauds et secs.
- Les haies multifonctionnelles : elles agissent comme des brise-vents, limitant l’érosion des sols et protégeant les cultures contre les extrêmes climatiques.
À ma ferme en Dordogne, je teste des réseaux d’agroforesterie combinant noyers, chênes truffiers et prairies en interculture. J’ai pu constater que ces systèmes augmentent la teneur en matière organique des sols tout en améliorant la résilience des cultures face aux sécheresses estivales.
Les plantes pérennes, une stratégie d’adaptation durable
Mettre l’accent sur des cultures pérennes permet de minimiser le travail du sol, de réduire son érosion et de maximiser le stockage de carbone. Parmi les plus prometteuses :
Le miscanthus
Plante vivace utilisée pour la production d’énergie ou comme paillis agricole, le miscanthus s’adapte aux sols dégradés et offre une solution multifonctionnelle pour les exploitations cherchant à diversifier leurs activités.
Le châtaignier
Essence emblématique de certaines régions françaises, le châtaignier s’intègre parfaitement dans des systèmes agroforestiers où il fournit à la fois du bois, des fruits et améliore l’écosystème environnant.
Une agriculture au service de la résilience collective
Face aux bouleversements climatiques, adapter les cultures est une tâche colossale, mais également une opportunité de repenser nos pratiques agricoles. Que ce soit par le choix de cultures résistantes, l’intégration d’arbres ou la valorisation de la biodiversité, chaque décision contribue à un modèle agricole plus durable.
À travers mes expérimentations et mes échanges avec des agriculteurs, je constate que cette transformation demande patience, observation et transmission. Mais elle porte ses fruits. En s’inspirant des écosystèmes naturels, nous avons tout à gagner : sols fertiles, paysages vivants et systèmes agricoles capables de nourrir les générations futures malgré les défis du climat.
Observer, comprendre, accompagner : tel est le chemin pour construire cette résilience. Ensemble, plantons aujourd’hui les graines d’un avenir durable.