agroperspectives.fr

Lutte biologique : comment encourager les auxiliaires de culture ?

25 février 2025

Les auxiliaires de culture : ces alliés trop souvent sous-estimés

Les auxiliaires de culture regroupent une diversité d’organismes vivants, souvent méconnus, mais essentiels au bon équilibre des écosystèmes agricoles. Parmi eux, on trouve :

  • Les insectes prédateurs : comme les coccinelles qui se nourrissent des pucerons ou encore les carabes qui s’attaquent aux limaces et chenilles.
  • Les parasitoïdes : des insectes comme les guêpes parasitoïdes qui pondent leurs œufs à l'intérieur des ravageurs, contribuant ainsi à leur contrôle naturel.
  • Les micro-organismes : des champignons ou bactéries pathogènes pour certains ravageurs, mais inoffensifs pour les plantes et les humains.
  • Les pollinisateurs : tels que les abeilles, bourdons et syrphes, qui participent indirectement à la lutte biologique en renforçant la santé des cultures via la pollinisation.

Malheureusement, l’intensification agricole, l’usage de produits phytosanitaires et la réduction des habitats naturels ont fortement impacté leurs populations. Pour inverser cette tendance, il est impératif d’adopter des pratiques favorisant leur installation et leur maintien sur nos parcelles.

Créer des refuges pour les auxiliaires

Un sol nu ou un champ dénué de diversité n’a rien d’accueillant pour les auxiliaires. La première étape pour attirer ces partenaires est de leur offrir un habitat, c'est-à-dire des espaces où ils peuvent se réfugier, se nourrir, et se reproduire.

1. Planter des haies champêtres

Les haies mixtes, composées d’essences locales comme le sureau, l’aubépine ou le prunellier, jouent un double rôle : elles servent de corridor écologique pour la faune auxiliaire et permettent d’héberger des insectes utiles tels que les coccinelles ou les abeilles sauvages. Une haie bien pensée peut abriter jusqu'à 1 500 espèces différentes d'insectes (Source : Ministère de la Transition écologique).

2. Installer des bandes enherbées

Les bandes enherbées, placées entre des rangées de cultures ou en bordure de parcelles, constituent d’excellents abris pour les carabes et d’autres prédateurs. Une étude menée en France a révélé que les parcelles avec bandes enherbées accueillaient deux fois plus d’espèces d’insectes auxiliaires que les sols nus.

3. Intégrer des abris spécifiques

Les nichoirs à oiseaux, les hôtels à insectes ou encore des petits tas de branches et de pierres peuvent grandement augmenter les chances d’installation des auxiliaires. Ces structures simples à mettre en place permettent aux auxiliaires de trouver des gîtes protégés, surtout l’hiver.

Favoriser les plantes utiles : un buffet naturel pour les auxiliaires

Pour attirer et maintenir les auxiliaires sur vos parcelles, encore faut-il qu’ils trouvent de quoi se nourrir. Beaucoup d’insectes auxiliaires, comme les syrphes, s’alimentent de nectar ou de pollen à l’âge adulte tout en étant prédateurs au stade larvaire. Voici comment les sustenter :

1. Semer des plantes mellifères

Ajouter des fleurs riches en nectar, comme le trèfle, la phacélie ou encore la bourrache, est un excellent moyen de favoriser les auxiliaires. Ces plantes contribuent également à améliorer la pollinisation des cultures. Diversifier les floraisons tout au long de la saison, de mars à octobre, est idéal pour soutenir les populations d’auxiliaires.

2. Associer les cultures

Dans ma ferme en Dordogne, j’ai observé un véritable boost de la biodiversité en pratiquant les associations de cultures. Par exemple, en intercalant du fenouil entre mes plantations de légumes, j’ai attiré davantage de guêpes parasitoïdes. Ces dernières se nourrissent des pucerons à proximité, réduisant ainsi la pression des ravageurs.

3. Adopter des cultures de couverture

Les engrais verts comme la moutarde ou la vesce ne protègent pas seulement les sols : ils créent également un microécosystème favorable aux insectes auxiliaires durant les périodes de repos des parcelles.

Limiter l’usage des pesticides

Cela peut sembler évident, mais sans une réduction drastique des intrants chimiques, tous les efforts pour promouvoir les auxiliaires risquent d’être vains. Les pesticides ne font pas toujours de distinction entre un ravageur et un insecte auxiliaire. Ainsi, voici quelques alternatives aux pesticides conventionnels :

  • Privilégier les produits naturels ou les biopesticides qui affectent principalement les ravageurs ciblés.
  • Appliquer des produits phytosanitaires uniquement en cas de besoin réel, et non de façon préventive.
  • Respecter les plages horaires où les auxiliaires sont les moins actifs, comme la tombée de la nuit, pour réduire les impacts indirects.

Il a été estimé que les pratiques agricoles respectueuses des auxiliaires de culture pourraient réduire jusqu’à 40 % les besoins en insecticides sur certaines exploitations (Source : FAO).

Former et sensibiliser les agriculteurs

Le rôle de la sensibilisation ne doit pas être sous-estimé. De nombreux agriculteurs et jardiniers ignorent encore l’impact positif des auxiliaires et les pratiques pour favoriser leur installation. J’ai constaté, lors des formations que j’organise sur ma ferme, que de nombreux participants repartent avec des solutions concrètes qu’ils peuvent immédiatement mettre en œuvre.

Les visites pédagogiques, les ateliers pratiques et les supports en ligne tels que des fiches sur chaque auxiliaire sont également d’excellents outils pour diffuser ces savoirs. Plus le nombre d’exploitations engagées dans la lutte biologique augmentera, plus il sera facile de créer un maillage territorial favorable au retour de la biodiversité.

Un avenir soutenu par la coopération entre cultures et biodiversité

Favoriser les auxiliaires de culture n’est pas seulement une question de rendement ou de protection des cultures ; c’est un engagement pour une agriculture plus harmonieuse, qui réintègre l’homme dans les cycles naturels. Chaque haie plantée, chaque fleur semée et chaque pesticide évité participe à bâtir un écosystème agricole résilient et durable. En travaillant main dans la main avec la nature, nous faisons bien plus que cultiver nos terres : nous cultivons la vie.

Alors, pourquoi ne pas commencer dès aujourd'hui à observer votre parcelle et identifier ces précieux alliés qui ne demandent qu'à vous prêter main forte ?

```

Pour aller plus loin

En savoir plus à ce sujet :