Les bénéfices constatés : regards croisés entre agriculture et science
Des dizaines d’études menées à travers le monde montrent que l’agriculture de conservation remplit ses promesses sur plusieurs fronts. Voici les résultats les plus significatifs issus des recherches récentes.
1. Une régénération des sols à long terme
L’université de Wageningen aux Pays-Bas a récemment comparé les terres cultivées en agriculture conventionnelle avec celles en agriculture de conservation sur 10 ans. Les résultats sont édifiants : dans les parcelles en conservation, la teneur en matière organique a augmenté de 23 %. Par ailleurs, le taux d’infiltration de l’eau a été multiplié par 2, ce qui offre une meilleure résilience face aux sécheresses.
En France, l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a mené des expérimentations sur des sols pauvres d’Occitanie et a démontré qu’un couvert végétal permanent réduit l’érosion des sols de 70 %. En d’autres termes, il peut limiter drastiquement les pertes de matières fertiles, essentielles à la production agricole durable.
2. Des effets positifs sur le stockage carbone
L’un des enjeux majeurs liés à l’agriculture est de limiter son empreinte carbone et, si possible, de jouer un rôle dans la séquestration du CO2. Bonne nouvelle : l’agriculture de conservation peut y contribuer massivement.
Une étude publiée dans la revue scientifique estime qu’en adoptant les pratiques liées à la conservation (non-labour, couverts végétaux, légumineuses), nous pourrions capter entre 0,9 et 2,6 gigatonnes de CO2 par an d'ici 2050, ce qui représenterait 10 % des réductions nécessaires pour limiter le réchauffement planétaire à 2 °C.
En parallèle, on constate que les sols non travaillés ou peu travaillés retiennent le carbone plus profondément, le rendant difficilement libérable à court terme. Ce puits de carbone naturel constitue une solution précieuse pour contribuer à atténuer les effets du changement climatique.
3. Un boost sur la biodiversité
Les agriculteurs adoptant la rotation des cultures et les couverts végétaux notent très souvent une observation simple : leurs parcelles bruissement littéralement de vie. Mais qu’en disent les études ?
Selon une méta-analyse menée par l’université de Göttingen, cette pratique augmente la richesse des micro-organismes du sol (bactéries, champignons), essentiels à la décomposition des matières organiques. En France, une étude conjointe de l’INRAE et du CNRS publiée en 2022 pointe également une augmentation de 40 % de la diversité des insectes dans les parcelles en agriculture de conservation, un levier essentiel pour la pollinisation et le contrôle naturel des ravageurs.
4. Une productivité adaptée aux enjeux économiques
L’un des freins fréquents évoqués par les agriculteurs reste le potentiel rendement. Oui, les pratiques de conservation demandent un investissement initial – en temps, en matériel – mais sur le moyen terme, elles s’avèrent compétitives.
Un exemple marquant : au Brésil, un programme national a permis à des petites exploitations paysannes adoptant des systèmes de conservation d’augmenter leur productivité agricole de 40 % en six ans, tout en réduisant leurs dépenses en intrants chimiques de moitié. En France, des expériences similaires montrent que les économies en carburant, fertilisants et pesticides compensent largement les ajustements nécessaires.