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Les couverts végétaux en agriculture : une clé de résilience pour vos sols

14 février 2025

Pourquoi adopter des couverts végétaux ?

Les couverts végétaux ne sont pas une nouveauté : certaines civilisations anciennes, comme celle de la Mésopotamie ou les peuples d’Asie du Sud-Est, utilisaient déjà des plantes entre cultures principales pour améliorer la qualité de leurs sols. Aujourd’hui, leur adoption se généralise face à des enjeux agricoles et environnementaux croissants.

1. Préservation et amélioration de la fertilité des sols

Les sols sont vivants, mais leur santé est mise à mal par les pratiques agricoles intensives : érosions, compactages, pertes organiques… Les couverts végétaux freinent considérablement ces phénomènes.

  • Structure des sols : les racines des plantes-forêt agissent comme des "béquilles" naturelles, améliorant l’aération et réduisant le compactage.
  • Augmentation de la matière organique : une fois décomposés, les résidus végétaux enrichissent le sol en humus, renforçant sa capacité à stocker et restituer des nutriments aux cultures.

2. Une barrière naturelle contre l’érosion et le lessivage

En France, on estime qu’environ 1,5 million d’hectares de terres agricoles souffrent d’une érosion importante des sols [source : INRAE]. La couverture végétale crée un bouclier qui limite la détérioration du sol par la pluie et le vent. Ainsi, elle réduit le ruissellement des eaux et empêche la perte des particules fines riches en nutriments.

3. Rétention d’eau et résilience aux sécheresses

Certaines espèces utilisées comme couverts, comme la vesce ou le trèfle, améliorent la structure du sol et sa capacité à retenir l’eau. Un sol bien structuré stocke jusqu’à 20 % d’eau en plus qu’un sol nu, selon des études menées dans le cadre de la FAO [source : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]. C’est un excellent outil pour faire face à des saisons de plus en plus marquées par des sécheresses prolongées.

4. Favoriser la biodiversité

Les couverts végétaux offrent refuges et ressources alimentaires à la faune auxiliaire (pollinisateurs, prédateurs naturels des ravageurs). C’est une manière de recréer des écosystèmes cohérents directement sur vos parcelles. Sur ma ferme, j’ai ainsi observé le retour de nombreux insectes, grâce à la multiplication des niches écologiques associées à ces pratiques.

Comment choisir ses couverts végétaux ?

Face au large éventail d'espèces disponibles, faire le bon choix est primordial pour répondre efficacement à vos objectifs spécifiques et à vos contraintes locales. Voici quelques critères à prendre en compte :

1. Connaître vos besoins

Chaque parcelle a ses particularités, chaque agriculteur ses objectifs. Posez-vous ces trois questions :

  • Souhaitez-vous prioriser la fertilisation azotée, lutter contre les mauvaises herbes, améliorer la structure ou favoriser les auxiliaires ?
  • Quelle est votre rotation ou culture principale suivante ?
  • À quelle date prévoyez-vous d’implanter et de détruire votre couvert ?

2. Les espèces les plus couramment utilisées

  • Les légumineuses : pois, trèfle, vesce, luzerne. Excellentes pour fixer l’azote atmosphérique.
  • Les graminées : seigle, avoine, orge. Efficaces contre l’érosion et pour augmenter la biomasse aérienne.
  • Les crucifères : moutarde, radis fourrager. Agissent parfois comme des biofumi­gants naturels contre certains ravageurs.

J’ai obtenu des résultats particulièrement intéressants en mélangeant graminées et légumineuses. Sur une parcelle en maraîchage, par exemple, l’association radis fourrager et vesce commune a permis un excellent contrôle des adventices et une nette amélioration de la structure du sol.

3. Adapter le choix au climat et au sol

Dans les sols sableux de Dordogne, j’évite par exemple les espèces trop appétentes pour les limaces, comme la luzerne, lors des périodes humides prolongées. Chaque territoire a ses spécificités ! Là encore, partir d’une observation attentive des particularités de votre terrain est une clé fondamentale pour réussir son choix.

4. Zoom sur les mélanges polyvalents

Mélanger plusieurs espèces offre souvent des résultats supérieurs à une monoculture de couvert. Par exemple :

  • Association trèfle / seigle : fertilisation + biomasse accrue.
  • Mix vesce / orge / radis : un mix équilibré pour améliorer structure et stockage d’azote.

Mise en place des couverts végétaux : une étape essentielle

1. Préparer la parcelle

Avant de semer, assurez-vous d’avoir un sol correctement décompacté. Un sol trop tassé réduira l’efficacité des racines et limitera la biomasse souterraine.

2. Semez au bon moment

L’implantation se fait souvent en fin de cycle de culture principale. Cela peut être en été (juillet/août) ou début automne (septembre-octobre), selon les espèces. Attention à vos dates de gel : certains couverts à implantation tardive, comme la phacélie, sont sensibles au froid intense.

3. Destruction du couvert

Différentes méthodes existent :

  • Outils mécaniques : tondeuses, rouleaux Faca, broyage. Efficace et rapide.
  • Destruction par les éléments : certains couverts gèlent naturellement, ce qui simplifie leur gestion.
  • Intégration animale : j’ai expérimenté cette méthode en introduisant quelques moutons pour pâturer directement sur mes couverts à la fin de saison hivernale. C’est un excellent levier de valorisation !

Un outil incontournable pour une agriculture résiliente

Les couverts végétaux sont bien plus qu’un outil technique : ce sont aussi des alliés pour faire face aux défis majeurs du climat et de la fertilité des sols. Ils participent à recréer l’équilibre des écosystèmes tout en assurant des performances économiques intéressantes pour les agriculteurs.

Dans mon quotidien, ils sont devenus une évidence. Je suis convaincue que, combinés à d’autres pratiques comme l’agroforesterie ou l’agriculture régénérative, ils ouvrent la voie à une agriculture plus résiliente et respectueuse de la nature. Si vous hésitez à vous lancer, commencez par de petites parcelles et observez : chaque couvert végétal vous enseignera beaucoup sur votre sol, vos plantes et votre terroir.

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